La mobilisation syndicale – Un appel à l’action pour sauver Dumarey
Face à la crise majeure que traverse l’entreprise Dumarey à Strasbourg, la réponse syndicale n’a pas tardé. La CFDT (Confédération Française Démocratique du Travail), avec le soutien des autres syndicats en intersyndicale, a lancé un appel à la mobilisation pour défendre les emplois et sensibiliser l’opinion publique. Ce samedi 28 septembre 2024, une manifestation de grande ampleur est prévue à 14h00, place Kléber à Strasbourg, afin de dénoncer les menaces qui pèsent sur les travailleurs de Dumarey et plus largement, sur l’ensemble de la filière métallurgique en France.
La CFDT Dumarey, sous la direction de Laurent Julien, secrétaire de la section syndicale, s’est montrée particulièrement active pour organiser cet événement. Dans un contexte où l’entreprise, qui emploie 600 personnes, est en danger à la suite du désengagement brutal de son principal client, ZF, la mobilisation est perçue comme la dernière ligne de défense pour préserver les emplois. L’appel à manifester a été largement relayé auprès de tous les salariés de la métallurgie ainsi qu’au sein de l’INTERPRO CFDT, afin de garantir une présence massive et un soutien fort.
Cette manifestation vise à faire entendre la voix des travailleurs et à exiger des solutions concrètes de la part des dirigeants de Dumarey et des pouvoirs publics. Les syndicats, conscients de l’urgence de la situation, espèrent non seulement sauver les emplois menacés, mais aussi ouvrir une réflexion plus large sur l’avenir de la sous-traitance et de la filière automobile en France.
Dumarey, un pilier industriel en péril
L'entreprise Dumarey, implantée au port du Rhin à Strasbourg, est un acteur majeur de la production de boîtes de vitesses automatiques pour véhicules. Avec 600 employés, elle joue un rôle central dans l’économie locale. Cependant, la défection soudaine de son principal client, ZF, a plongé l’entreprise dans une crise sans précédent. ZF représentait 80 % du chiffre d’affaires du site strasbourgeois, et son retrait menace directement la survie de Dumarey.
ZF, confronté à des difficultés économiques, a pris la décision de réduire ses commandes auprès de ses sous-traitants, optant pour une internalisation de ses productions. Cette tendance s’inscrit dans un mouvement global au sein de l’industrie automobile, où de plus en plus de grands équipementiers choisissent de produire en interne des composants qu’ils sous-traitaient auparavant. Pour Dumarey, cette décision est particulièrement dévastatrice, car elle supprime une source de revenus cruciale, menaçant des centaines d’emplois.
Les défis de la crise automobile
La crise que traverse Dumarey est emblématique d’une situation plus vaste au sein de l’industrie automobile en France et en Europe. Le secteur, longtemps un pilier de l’économie européenne, fait face à une conjonction de défis économiques, technologiques et environnementaux qui bouleversent ses modèles de production.
D’une part, l’avènement des véhicules électriques et autonomes impose aux entreprises de s’adapter rapidement à de nouvelles technologies, tout en répondant à des réglementations environnementales de plus en plus strictes. D’autre part, la crise économique mondiale a fragilisé la demande, notamment à la suite des répercussions de la pandémie de COVID-19 et de la guerre en Ukraine, qui ont perturbé les chaînes d’approvisionnement et entraîné une hausse des coûts des matières premières.
Dans ce contexte, de nombreux équipementiers, dont ZF, ont décidé de revoir leurs modèles d’affaires en internalisant davantage leur production et en réduisant leurs coûts. Cette décision a des conséquences dramatiques pour des entreprises sous-traitantes comme Dumarey, qui dépendent largement de ces partenariats pour maintenir leur activité.
L'impact de la décision de ZF sur Dumarey
ZF, l’un des leaders mondiaux de l’équipement automobile, a récemment annoncé des suppressions d’emplois massives, tant en Allemagne qu’à l’échelle mondiale. Avec la suppression de 14 000 emplois en Allemagne et de 33 000 dans le monde, ZF illustre la gravité de la crise qui frappe l’industrie automobile. Cette restructuration globale s’accompagne d’un désengagement progressif des sous-traitants, ce qui a eu un impact direct sur Dumarey.
La direction de Dumarey, en réponse à cette situation, a annoncé une restructuration qui entraînera la suppression de centaines d’emplois sur son site strasbourgeois. Cette décision, perçue comme un coup de massue pour les salariés, n’a fait qu’exacerber l’urgence de la mobilisation syndicale. Les travailleurs, conscients des enjeux, se sont ralliés autour de la CFDT pour défendre leurs emplois et exiger des réponses de la part des dirigeants.
La menace sur la filière automobile en Alsace et en France
Le cas de Dumarey n’est malheureusement pas unique. La filière automobile en Alsace, comme dans le reste de la France, est gravement menacée par la tendance des grands équipementiers à internaliser leurs productions. Les sous-traitants, qui constituaient autrefois l’épine dorsale de cette industrie, se retrouvent de plus en plus marginalisés.
Cette situation soulève une question cruciale : que restera-t-il des entreprises françaises dans ce secteur si les tendances actuelles se poursuivent ? L’internalisation des productions par les grands groupes, combinée à la transition vers des véhicules électriques et autonomes, risque de détruire une grande partie de l’écosystème industriel qui a prospéré autour de l’industrie automobile.
En Alsace, une région historiquement liée à l’industrie, la fermeture ou la réduction d’activité des sous-traitants pourrait avoir des conséquences désastreuses. Des milliers de travailleurs se retrouveraient au chômage, tandis que l’économie régionale serait gravement affaiblie. Le cas de Dumarey est donc un avertissement pour l’ensemble du secteur : sans une action rapide, de nombreuses autres entreprises pourraient suivre le même chemin.
La stratégie des syndicats et les attentes vis-à-vis des pouvoirs publics
Dans cette situation de crise, la CFDT et les autres syndicats ne se contentent pas de manifester : ils demandent des actions concrètes de la part des dirigeants de Dumarey, de ZF, et des pouvoirs publics. La revendication principale des syndicats est la préservation des emplois, mais ils insistent également sur la nécessité d’un soutien gouvernemental pour aider les entreprises à traverser cette période difficile.
Les syndicats appellent à des négociations avec les dirigeants de Dumarey pour explorer toutes les options possibles, y compris la diversification des clients et des produits. Ils demandent également des mesures de soutien de l’État, telles que des subventions pour la recherche et le développement dans le secteur automobile, afin de permettre aux sous-traitants de s’adapter aux nouvelles technologies et de rester compétitifs.
Laurent Julien, secrétaire de la section syndicale CFDT chez Dumarey, a exprimé l’espoir que cette mobilisation permettra de faire pression sur les dirigeants et d’obtenir des engagements concrets pour préserver les emplois. Il a également souligné l’importance de la solidarité entre les travailleurs, les syndicats et les pouvoirs publics dans cette lutte pour l’avenir de l’industrie.
Les perspectives pour l’industrie automobile française
L’avenir de Dumarey, et plus largement de l’industrie automobile française, dépendra en grande partie des choix qui seront faits dans les mois à venir. La transition vers une industrie plus durable, orientée vers les technologies vertes et la production de véhicules électriques, est inévitable, mais elle ne doit pas se faire au détriment des travailleurs.
Les syndicats, les entreprises et les gouvernements doivent collaborer pour élaborer des stratégies qui permettront de préserver les emplois tout en assurant la compétitivité de la filière industrielle. La mobilisation du 28 septembre est un moment clé dans cette lutte, mais elle ne représente que la première étape d’un long combat pour l’avenir de l’industrie.
La crise de Dumarey est un signal d’alarme pour l’ensemble du secteur. Si rien n’est fait, des milliers de travailleurs pourraient perdre leur emploi, et la France risquerait de perdre un pan important de son industrie automobile. Mais avec une action collective, il est encore possible de sauver Dumarey et de construire un avenir plus juste et plus durable pour l’industrie.
La mobilisation qui en découle illustrent les défis auxquels est confrontée l’industrie automobile française. Face aux mutations technologiques et économiques, les syndicats jouent un rôle crucial pour défendre les travailleurs et exiger des solutions adaptées aux réalités du marché. La manifestation du 28 septembre sera un moment décisif dans cette lutte, symbolisant la résistance face à une industrie en mutation.
L’avenir de Dumarey est incertain, mais avec une mobilisation continue et des actions concrètes, il est encore possible de préserver les emplois et de construire un avenir pour l’industrie automobile française.