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Ethumb Enqueten partenariat avec la Fondation Jean-Jaurès, la CFDT a demandé au sondeur Ipsos de mener une grande étude sur la société idéale des Français.

 
Ces derniers se révèlent à la recherche de calme, de pondération et de repères, dans une société perçue comme allant trop vite. En revanche, ils n’ont rien de réactionnaire, attendant de grandes réformes sociales et sociétales.

Vu la période anxiogène dans laquelle nous vivons, imaginer un avenir plus riant, dessiner un futur désirable, proposer des projets enthousiasmants est une nécessité afin de lutter contre toutes les formes de repli sur soi et la fatigue démocratique. Partant de ce constat, la CFDT a fait le choix de s’associer avec la Fondation Jean-Jaurès pour lancer une vaste enquête auprès des Français pour comprendre ce que serait leur « société idéale ».

« Nous avons eu envie de nous laisser surprendre, de faire ce petit pas de côté qui permet de voir les choses de manière différente », explique Marylise Léon. Selon la secrétaire générale de la CFDT, c’est aussi le rôle de la première organisation syndicale de France de « s’extraire du quotidien pour dessiner un horizon qui donne envie d’avancer, qui donne des perspectives positives ». Quelque 8 700 Français représentatifs ont ainsi été interrogés par Ipsos du 21 au 31 mars sur toute une série d’items qui permettent, in fine, de dégager les contours de la société française idéale.

Plus d’égalité et de justice sociale
Premier enseignement de cette étude qui concerne très directement la CFDT, un tiers des Français se disent proches d’un syndicat et, dans ce tiers, un tiers se sent proche de la CFDT. Cela signifie donc qu’environ 10 % des Français se sentent proches de la CFDT. Ils sont un peu plus âgés que la moyenne de la population, un peu plus diplômés et deux fois moins « radicaux » que l’ensemble de la société française. Deuxième enseignement, cette étude révèle une France beaucoup moins conservatrice que le débat politique le laisse entendre. Si les Français aspirent à davantage de tranquillité, de stabilité et s’ils regrettent que la société aille trop vite, cela ne veut pas pour autant dire qu’ils considèrent le passé avec nostalgie. En effet, 60 % d’entre eux estiment que la société doit être transformée radicalement ou en profondeur. Ils aspirent notamment à davantage d’égalité et davantage de justice sociale.
 
« Dans une société fluide, ils sont en recherche de repères sur lesquels s’appuyer, poursuit Jérémie Peltier, codirecteur de la Fondation Jean-Jaurès. Ils se sentent à la fois perdus ou fatigués par une société en perpétuel changement tout en étant très ouverts sur les sujets sociétaux. » À travers leurs réponses, on constate surtout une très forte valorisation de la famille et du cercle des amis proches ; un éloge de la lenteur et de la prise de recul face à un trop-plein d’informations. On retrouve là la fameuse civilisation dite du cocon, le souhait de se replier sur soi pour se protéger du monde. Le logement idéal des Français est d’ailleurs une maison au calme avec un grand jardin et des voisins assez éloignés.. mais un médecin pas trop loin, quand même !

Le travail hybride plébiscité
Côté travail, on ressent également cette volonté de se poser. Les Français ne souhaitent pas forcément travailler plus ou travailler moins, mais aimeraient profiter de davantage de flexibilité. L’enquête met ainsi en avant les difficultés actuelles à articuler vie personnelle et vie professionnelle. Les actifs expriment fortement ce manque de temps pour eux et leurs proches. Leur idéal professionnel se révèle finalement assez classique : le niveau de salaire reste un des critères majeurs, avant l’ambiance avec les collègues et la stabilité de l’emploi. La majorité souhaite ainsi travailler au sein d’une grande entreprise du privé – et, à défaut, dans une petite entreprise du privé. La fonction publique n’arrive qu’en troisième choix. Serait-ce un signe de la perte d’attractivité du secteur public ? Concernant la question du télétravail, les réponses sont tout aussi mesurées : le travail hybride est plébiscité ; autrement dit, une dose de télétravail, oui, mais pas 100 %.

Et sur tous ces aspects, « les jeunes sont des vieux comme les autres ». Leurs aspirations ne diffèrent pas sensiblement de celles de leurs aînés : ils veulent tout autant décrocher un CDI, habiter une maison avec jardin, se marier, avoir des enfants, etc. « Contrairement à ce qui a été beaucoup dit, les salariés, les jeunes comme les plus âgés, n’ont pas forcément envie de changer d’entreprise durant leur carrière. Leur idéal est plutôt la stabilité. Ils sont prêts en revanche à changer de métier au sein de leur boîte », explique Jérémie Peltier. On ne constate pas non plus une appétence particulière pour le statut d'auto-entrepreneur ou pour la création d’entreprise. C’est bien le salariat qui est valorisé.

Un projet de société
Enfin – et c’est une excellente nouvelle pour les organisations syndicales –, le modèle de cogestion des entreprises est préféré au modèle de l’entreprise dirigée par un entrepreneur charismatique. C’est un avis partagé à plus de 74 % et qui se révèle majoritaire dans toutes les classes d’âge et toutes les classes sociales. Les salariés souhaitent être davantage associés aux décisions et participer à la vie de l’entreprise. Ce constat va d’ailleurs de pair avec leur besoin de reconnaissance et d’autonomie, lequel a déjà été mis en lumière dans de multiples enquêtes.
 
« Cette étude révèle des aspirations qu’il faut entendre, comprendre, et qui doivent guider nos actions, conclut Marylise Léon. Le syndicalisme, c’est contester quand il le faut ; mais le syndicalisme CFDT, c’est d’abord proposer un projet de société qui réponde aux attentes réelles des travailleurs. La CFDT s’engage à le penser et à le construire, brique après brique, avec les travailleurs et les travailleuses. »
 
Jean-François
Responsable SSR